Orthodontie: importance du timing

Prédiction de croissance

L’élaboration d’un plan de traitement nécessite la prise en compte d’une multitude de facteurs. En particulier, il est nécessaire de tenter d’anticiper les changements et l’évolution des relations inter-maxillaires et du profil crânio-facial du patient.

Le plan de traitement final pourra, dans les cas favorables, impliquer le recours à des moyens orthodontiques seuls. Dans les cas moins favorables ou lorsque les limites des moyens orthodontiques sont atteintes, le recours à une prise en charge combinée orthodontico-chirurgicale  pourra s’avérer inévitable.

On observe une grande variabilité dans la croissance crânio-faciale des patients porteurs des séquelles de fente faciale. La prédiction de croissance par l’analyse céphalométrique est peu fiable. La littérature offre quelques indices quant à la fréquence des indications pour une intervention de chirurgie orthognathique : elle se situe entre 25% à 75% des cas de fentes complètes unilatérales. Les statistiques manquent au sujet des bilatéraux, mais sont probablement comparables.

Une prédiction de croissance fiable n’étant pas possible, on doit se baser sur des statistiques permettant d’évaluer les probabilités d’une évolution favorable  ou défavorable.

Ces probabilités varient grandement, pour des raisons objectives (qualité des prises en charge variable) et subjectives : niveau des exigences de l’équipe pluri-disciplinaire, orthodontiste et chirurgien maxillo-facial notamment ; accessibilité de cette prise en charge et couverture des coûts par les assurances-maladies ; choix et concepts thérapeutiques de l’équipe. En fonction de ces facteurs et de manière très générale, on peut estimer que 33% des cas présenteront une évolution favorable, alors que 66% des cas auront une évolution moins favorable ou défavorable.

Le diagnostic est évolutif et il faut tenir compte des changements extrêmement importants qui peuvent avoir lieu durant la période de croissance pubertaire et qui peuvent modifier fondamentalement les options thérapeutiques prises en denture mixte (avant 12-13 ans).

Pour l’orthodontiste, la question n’est pas : QUE FAIRE ?

Mais plutôt : QUAND LE FAIRE ?

On peut mettre au centre des préoccupations la gestion de la fente alvéolaire. Son élimination est absolument indispensable à la réhabilitation orthodontique. La fente doit être comblée pour permettre soit le maintien d’un espace pour une future reconstruction prothétique, soit sa fermeture par des moyens orthodontiques et/ou chirurgicaux.

Une étude scientifique récente fournit des chiffres intéressants, concernant la gestion de la fente alvéolaire telle qu’elle est pratiquée à Toronto (Canada) et qui correspond parfaitement à notre expérience à Lausanne. Dans cet échantillon, l’espace résiduel dû à l’absence de l’incisive latérale se fait à: 45% orthodontiquement (en déplaçant les dents à l’aide d’appareillages orthodontisques), après greffe osseuse alvéolaire; 35% chirurgicalement, pendant la greffe osseuse alvéolaire; 17% prothétiquement; et on échoue dans 3% des cas.

Par ailleurs, cette étude fournit les statistiques suivantes concernant la fréquence des indications chirurgicales orthognathiques, celles-ci étant souvent en étroite relation avec l’option choisie de fermer l’espace résiduel de l’incisive latérale, en plus des indications liées aux déficits de croissance crânio-faciale : une intervention de chirurgie orthognathique est indiquée dans 65,5% des cas (FLMP unilatérales).

Georges Herzog, orthodontiste consultant de l’équipe pluri-disciplinaire FLMP du CHUV (Lausanne), contact:  info@cleft-palate.com